• Le week-end passé, nous sommes allés à Cluny, ville magnifique, où nous aimons souvent promener nos guêtres et essayer de perdre nos enfants, puis nous nous sommes rendus à une exposition de peinture dans les environs.

    La Crevette se posait moult questions sur la fabrication des oeuvres:
    "Et ça c'est sur quoi?
    - De l'acier.
    - On dirait qu'il y a de la colle dessus, par endroits?".
    "Et là, on dirait qu'il a mis ses mains dans la peinture, on voit les empreintes de doigts".

    Tandis que James Bond de Grenouille vérifiait l'exactitude de correspondance entre le catalogue et les tableaux, Mr. Petite Pomme essayait d'abandonner ses parents à leur contemplation picturale et à leur sort, tant qu'à faire.
    Certaines toiles sont immenses, mais je sombrais dans la délectation visuelle des détails colorés, des gros plans formant en eux-mêmes d'autres tableaux nuancés, comme une mise en abîme.


    Pour mieux connaître le travail de Philippe Charpentier (vu en globalité, et non pas seulement par une myope!), je vous conseille de visiter son site: ici

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  • Les murs sont durs mais tous les murs ne sont pas gris...
    Là-bas ils étaient parfois couleur lait fraise, meringue, guimauve pâle
    Si lémures roses, alors l'espoir pour la soif ?...
    Les murs toujours lémure

    Love and épices

    (T)rêve inspirée par le voyage d'une Crevette Rose en Tunisie(baiser du chat Fripouille à La Crevette)

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  • Anne m'a demandé d'écrire le récit d'un de mes premiers souvenirs d'enfance.
    J'éviterai les tous premiers, en fait, objets de quelques sensations guère racontables!

    Je devais avoir deux ans, deux ans et demi.
    Je suis en école maternelle. « Un peu jeune mais très éveillée, participe beaucoup à la classe. Trop bavarde cependant. »
    Le bavardage m'aura passé avant la fin du cycle primaire, suite à une « médication musclée » : « heures de colle », punition « au coin », ou isolée derrière le tableau pivotant, et le pire, dégoût et humiliation suprêmes, le confinement sous le bureau de la maîtresse comme un chien dans une niche. Libertins, ne fantasmez pas, la maîtresse continuait son enseignement en faisant les cent pas dans la salle et en me laissant suffoquer dans un mélange d'odeurs de contreplaqué verni, de chaussures rancies et de poussière coincée entre les lames grises du parquet. La chaise était avancée et ses pieds de métal servaient de barreaux symboliques.

    Mais là, je ne suis pas punie. Je suis si concentrée par mon ouvrage en pâte à modeler que j'ai l'impression d'être à plusieurs bureaux de distance, au moins, de mes camarades. De même, j'ai du naître avec l'option oreilles à clapets, car tout me semble silencieux.
    J'ai commencé à aplatir de la pâte verte à en arrondir les bords comme pour préparer un fond de tarte. Je monte un colombin, puis deux, sur le fond de mon futur panier à fruits. Des barres de pâte à modeler rouge et jaune attendent, intactes, la suite des événements.

    Soudain, Madame la Directrice du primaire pousse la porte communiquant entre la Classe Préparatoire et la Maternelle. Tout le monde lève la tête. Je suis toujours saisie par la beauté de Madame B., par sa démarche altière. Notre maîtresse l'accueille en bas des trois marches de bois, pleine de respect.

    Elles devisent toutes deux en avançant à travers les rangs. Le coeur battant, à la fois éperdue et craintive, j'attends l'arrivée Madame B. comme un bonheur et un verdict.
    Elle s'arrête devant mon bureau, m'adresse un sourire radieux, et se penche pour saisir les barres colorées du modelage : elle façonne rapidement une anse et quelques sphères. En un tournemain elle a réalisé une corbeille emplie de fruits. « Et voilà, tu peux faire un panier avec des cerises par exemple », dit-elle en passant une main sur ma tête ornée de deux grandes couettes, celles qu'elle a coiffées le matin même. Mon regard passe du chef-d'oeuvre à ses yeux d'un bleu éclatant.
    J'expire d'un "oui". Je ne sais plus si je lui ai dit ou non que c'était justement ce que j'allais faire.
    Je me rappelle seulement qu'en moi, silencieusement, tout a explosé.














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  • Le thème de Coïtus Impromptus était cette fois : "Le miel de la vie".<o:p>
    </o:p>

    <o:p></o:p>Une brise tempérée glisse doucement entre les franges vertes des épicéas.
    Piqué sur la branche telle une bulle de plumes sur deux allumettes, un moineau fébrile épie mes gestes de la pointe brillante de ses pupilles, mais ne s’envole pas.

    <o:p></o:p>Je m’assoie et pose le bol chaud de café au lait sur la table de jardin. Le bois est dur et tiède sous les cuisses. Le plan de table est chauffé par le soleil et mes mains apprécient alternativement le contact de la fibre douce et brune, et celui, plus rêche, du récipient en céramique.

    La menthe et les résineux suivent le souffle léger du printemps, et je vérifie que l’oiseau est toujours là ; il colle au balancement végétal comme une balle sur l’onde. Ainsi bercé, je m’attends à le voir s’endormir.

    <o:p></o:p>Un croissant de lumière pâle vient parfois miroiter dans le bol et je me perds un moment dans la contemplation silencieuse du liquide chamoisé.
    Les senteurs enivrantes de la menthe et du chèvrefeuille m’en distraient avec bonheur. Le vol d’un bourdon vrombit dans les fleurs comme un hélicoptère miniature.

    <o:p></o:p>C’est cela, le miel de la vie, quand tout le corps exulte de cette offrande de douceur, de ces virvoltements de moments suspendus où la parole quotidienne est superflue, où dialoguent seulement la sensation brute et son expression.

    C’est alors que leurs pas approchent de mon dos, puis que sur ma bouche se posent leurs joues roses. Enfin ses lèvres à lui cherchent les miennes comme l’abeille guidée par le pollen.
    Miel de la vie.


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